Un écrin au service de la culture juive

En 2022, le plus grand espace culturel juif de France achève sa modernisation et s’offre un coup de jeune. L’occasion de revenir sur les 50 années d’histoire de cet auditorium qui a favorisé l’expression de toutes les formes de la culture juive, sans jamais quitter l’avenir du regard.

Avec ses 350 places et sa situation en plein cœur du Quartier Latin, l’Auditorium de l’Espace Rachi – Guy de Rothschild est, depuis sa création au début des années 70, un lieu privilégié de diffusion et de partage de la culture juive telle qu’elle s’exprime en France et ailleurs dans le monde.

Entamée il y a 4 ans, la rénovation technique de l’auditorium va bientôt rentrer dans sa 3e phase :

« Après avoir refait toute la sonorisation et les lumières en 2017, nous avons profité de la période de confinement pour créer une régie vidéo professionnelle et aujourd’hui, nous souhaitons faciliter son accessibilité et son confort notamment pour les personnes en situation de handicap et en faire une salle moderne et attractive à l’équivalent des grands théâtres parisiens ».

Il s’agira notamment de l’équiper d’une boucle magnétique qui permet aux appareils auditifs de se connecter et de renvoyer un son plus clair aux malentendants, et de réaménager l’intérieur, sans oublier de prévoir un espace réservé aux personnes à mobilité réduite.

L’auditorium a toujours su s’adapter aux besoins de son temps, tout en demeurant un véritable carrefour de rencontres multiculturelles et de partage entre les grandes institutions juives de France. En témoigne la richesse de son histoire depuis les années 70.

A l’époque c’était essentiellement un centre d’étude qui accueillait des interventions d’universitaires ou de personnalités comme Manitou qui étaient suivies par des centaines d’étudiants, ou encore de penseurs comme le Colloque des intellectuels juifs de France qui rassemblait de grands noms de la pensée juive et au-delà, c’était là aussi qu’avaient lieu les spectacles des écoles juives comme Yabné et de grands concerts de musiques traditionnelles.

En 1996, le Fond Social Juif Unifié s’installe à l’Espace Rachi et créé le Centre d’Art et de Culture chargé de gérer directement la programmation de l’Auditorium. Ce sera sa première transformation pour devenir une salle de spectacle à part entière, notamment sous l’impulsion d’Albert Kadouche, son premier directeur qui rêvait d’en faire un vrai théâtre tout en conservant sa spécificité juive. On assiste alors à un essor du théâtre issu du patrimoine juif et d’ailleurs, avec la mise en scène de nombreuses pièces interprétées par de grands comédiens. Véritable mémoire des lieux, c’est ici que Daniel Mesguish a monté et joué ‘’le Dibbouk’’ de Shlomo Anski en 1998 ou Alain Didier Weil son ‘’Vienne 1913’’. Parmi des centaines de représentations dont de nombreuses premières, on a pu voir le ‘’Roi des shnorrers’’ de Israël Zangwill avec Arié Elmalleh à ses débuts, on y a joué aussi bien de grands textes classiques comme le ‘’Esther’’ de Racine ou ‘’Le Marchand de Venise’’ de William Shakespeare, que des créations inédites comme le récit de la vie d’Etty Hillesum ou ’’Anne Frank, le musical’’. Cela a toujours été très éclectique et d’une grande richesse.

Depuis 2 ans, l’Auditorium offre à des metteurs en scène l’opportunité de quelques jours de résidences afin de finaliser leur création scénique et d’y faire leur Première, comme ce fut le cas avec Charles Berling pour sa pièce ‘’Fragments’’ qui raconte l’œuvre de Hannah Arendt.

L’objectif du Centre d’Art et de Culture, c’est aussi d’accompagner et de soutenir la promotion de jeunes talents et beaucoup y ont fait leurs armes : pour l’anecdote, Kev Adams a signé son premier contrat professionnel dans les loges de l’Auditorium.

Enfin, l’auditorium reste également un lieu de grands concerts où l’on vient écouter toutes les musiques du monde, des plus classiques aux plus expérimentales en passant par les traditionnels cantors.

En 2001, le Centre d’Art et de Culture ouvre sa programmation et créé le Festival Jazz’N’Klezmer, devenu depuis un véritable évènement parisien qui voit défiler des stars internationales du jazz comme Frank Landon ou Franck Amsellem et de la musique Klezmer comme les Klezmatics et David Krakauer ou Yom.

Tous les artistes reçus à l’auditorium expriment combien ils se sentent bien ici et notre communauté a beaucoup de chance d’avoir ce lieu exceptionnel que nous nous devons de préserver.

Nul doute que dans ses nouveaux habits l’auditorium va faire rayonner la culture juive non seulement à Paris mais aussi dans toute la France, grâce notamment à ses nouveaux moyens techniques de diffusion.

Par Sonia Cahen-Amiel

La rénovation de l’auditorium

Les travaux débuteront fin septembre et se dérouleront tout au long du mois d’octobre.

Les événements reprendront à partir du 1er novembre et l’inauguration est prévue avec l’ouverture du festival Jazz’N’klezmer le 9 novembre.

Quels sont les travaux prévus?

Après plusieurs mois d’études et de recherches de financements, nous allons entamer la dernière partie de la rénovation de cet écrin culturel parisien en renouvelant :


– Le revêtement de sol,


– Les fauteuils que nous avons choisis plus larges, ce qui impliquera une diminution du nombre de places. De 340, nous passerons à 292 fauteuils, dont 15 amovibles pour positionner 9 emplacements PMR (personnes à mobilité réduite) modulables et 2 emplacements fixes.


– L’éclairage de la salle afin de limiter la consommation d’énergie et de rendre l’accueil du public plus confortable


– Le revêtement de la scène


– Et afin de permettre aux malentendants de profiter des événements organisés dans cet espace, nous installons une « boucle son » permettant une connexion via les smartphones aux appareils auditifs.

,

Le financement …

Comme l’ensemble des travaux réalisés dans cette salle depuis 2018, le financement est en grande partie pris en charge par des subvention des pouvoirs public, Conseil régional d’Ile-de-France, Mairie de Paris et Centre National de la Musique.

La Fondation pour la Mémoire de la Shoah à tenue à participer à la mise en place de la boucle son.

Le FSJU a attribué une subvention et le Centre d’Art et de Culture a effectué un prêt pour finaliser le budget.